Il existait à Sautré plusieurs moulins. Un ancien moulin mentionné dans les archives du XIIe siècle , sous le nom de « grand moulin » Un moulin plus récent, construit probablement au XVIIe siècle, mentionné sous le nom de « petit moulin » .
Le site de Sautré, se trouve au débouché de la petite rivière de la Suine sur la Mayenne, au pied du château d’origine médiévale qui verrouillait depuis le XIe siècle l’accès à Angers. Le fief de Sautré au début du XIIe siècle relevait du prieuré du Bignon. Un second fief dans lequel se situait le château fort de Sautré, relevait du château d’Angers. Son seigneur fut assez puissant, pour se rendre maître des moulins de la rivière de Mayenne.
Compte tenu de son emplacement, Sautré était un lieu stratégique où fut érigée une forteresse de défense relevant du Comte d'Anjou. En témoignent la construction d'un duit de défense (les duits étaient des digues empierrées submersibles donc inaccessibles l’hiver, destinés à refouler l’eau ce qui permettait la navigabilité du fleuve en toute saison et l’accès aux quais) et d’un péage au profit du seigneur possédant le château.
Au XIIe siècle, le site est aménagé par une chaussée créant la chute nécessaire au fonctionnement des moulins ainsi qu’une porte marinière, sur la rivière permettant aux bateaux de franchir la chaussée.
L’exploitation des moulins est attestée par de nombreux aveux qui s’échelonnent du XVe au XVIIIe siècles. En particulier l’aveu du 14 mars 1406 de Brient de la Haye Joullain qui était l’homme lige de René Duc d'Anjou et conservé à la chambre des comptes d'Anjou . Un autre aveu du 1er avril 1671 provenant du censier du fief du Bignon au XVIIe siècle nous montre que le prieur percevait encore la dîme des blés et grains moulus dans les moulins ainsi que le poisson qui s’y pêchait dans la rivière.
Au XVIIIe siècle le « petit moulin » est un moulin foulon à draps (tissus de laine), le « grand moulin » produit de la mouture c’est-à-dire des grains. Le grand moulin brûle en 1766. Il est reconstruit la même année, aux frais du seigneur, le comte Goddes de Varennes et du meunier Joseph François. En 1780, il reconstruit aussi le petit moulin comme moulin à grains, seigle et froment. La chaussée est alors en très mauvais état et donne lieu à de fréquentes réparations.
Les moulins sont vendus comme bien national le 17 floréal an VI (6 mai 1798) au Sieur Charles Félix Lheureux alors que Joseph François est le fermier du petit moulin et Jacques François le fermier du grand moulin. En 1806, Lheureux revend les moulins à Auguste Marie Gabrielle Goddes de Varennes.
Lors de la vente nationale du domaine de Sautré, le Grand Moulin est dit composé « au rez-de-chaussée d’une boulangerie, cellier, écurie, au premier deux chambres, grenier, cuisine, la cage dudit moulin renferme deux chemins d’eau, dont un troisième du côté de la porte marinière, faisant aller trois moulins dont deux à simple harnais et le troisième à double harnais, le tout en médiocre état » .
Au XIXe siècle, les ouvrages apparaissent usagés devraient être remplacés pour permettre la poursuite de la navigation. La canalisation de la Mayenne, lancée localement dès 1840 avec l'acquisition des parcelles de terrains nécessaire aux écluses apportera une solution à ce problème. Le niveau à donner aux eaux dans le bief des moulins de la Mayenne, soit 1,60 m sera fixé par une étude des Ponts et Chaussées. La porte marinière sera supprimée en 1885 et le site prendra alors sa configuration définitive.
En 1849-1852, les pouvoirs publics décident la construction de l'écluse actuelle en rive droite de la Mayenne et de sa dérivation avec la maison éclusière. L'ensemble du barrage qui fait 260,50 m de long se situe face au château et aux moulins, à l'extrémité de la chaussée. En 1851, le grand moulin est en chômage depuis 15 ans et ses coursiers sont en ruine. Il sera rasé peu après en laissant toutefois en place la chaussée et les passages où tournaient les roues. En revanche, le petit moulin continue d'être exploité ».
En 1864, le petit moulin est vendu par la propriétaire, Heloïse Jourdan de la Verderie, marquise de Senonnes, à Jean Pierre Picard , entrepreneur qui va l'améliorer sensiblement. En 1868, il l’ agrandit , y mettant l'actuel logement du meunier qui se situait auparavant en bordure du chemin vicinal conduisant de Feneu à Grez Neuville et transformé ensuite en route départementale. Il y ajoute l'installation au Sud du petit moulin, une machine à vapeur pour augmenter l'énergie hydraulique.
En 1869, pour faire face aux dégâts des crues, il consolide la boire de Sautré par un mur au contact du petit moulin. Le règlement d’eau édicté en 1852 et modifié jusqu’en 1881 fixe le cadre normatif des aménagements (Le tracé de la boire, seuil du coursier…) .
Actuellement le " petit moulin" présente la particularité quasiment unique dans le Maine-et-Loire, d’avoir conservé son équipement complet de meunerie en état de marche. De plus, celui-ci possède des appareils de meunerie qui ont jalonné les évolutions technologiques successives du XVIIIe au XIXe siècle. Ils ont dû leur préservation au fait que le moulin est resté de caractère artisanal et semi-industriel et n’a pas franchi le stade après 1850, de l’industrialisation complète.
Eugène Loyant fut le dernier meunier du moulin de Sautré. Il avait succédé à son père en 1936. Il exploita le moulin jusqu' en 1972 pour la farine de froment. Il conserva ensuite jusqu’en 1977, la mouture d'aliments pour le bétail. Il arrêta à cette date une histoire commencée depuis le XIIe siècle.
Le petit moulin et le grand moulin sont inscrits comme Monuments Historiques depuis le 19 septembre 2002 ce qui répond au vœu du dernier meunier que la mémoire des lieux , la richesse des activités et de la vie sociale qui s’y sont déployées au cours des siècles lui survive,